mardi 30 avril 2013

JOURNEE DU JAZZ

Bonjour les Soulplaciens,

Aujourd'hui c'est la journée du Jazz, voici un de mes morceaux préférés du genre. Il n'est peut-être pas conforme au canon du Jazz mais je l'aime profondément.
Le Jazz pour moi, c'est avant tout des images, plus exactement des fantasmes. J'ai un disque de Stanley Turrentine : Salt Song. C'est un album absolument merveilleux, qui dit toute la complexité du rapport qu'ont certains artistes à la musique. Cette complexité nait de la relation filiale et ô combien explosive entre les aspirations d'un musicien et son expression. Tous les plus grands y ont été confrontés. Marvin Gaye, D'Angelo, Ray Charles et j'en oublie....
Le Jazz a souvent été opposé à la musique d'Eglise parce qu'ils ont la même origine. L'une se veut une exaltation de l'âme et par essence un moyen d'élévation quand l'autre en est une traduction plus crue (avis très personnel j'en conviens). Le Jazz sent la sueur, la peur d'une confrontation à soi, la volonté d'être unique par sa virtuosité, la violence du vécu, la terreur de ce non-dit terrible qu'était (est) la condition d'un Afro-Américain au début du XX ème siècle. De tout cela, s'est extrait cette sublimation qu'est le Jazz.
Toutes les turpitudes, les vices, les amours, la volupté, les addictions se retrouvent si l'on parcourt l'impressionnante discographie du genre. Et, il y a fort à parier que tous ceux qui, comme moi, ont ouvert un disque de Jazz, ont ressenti cette sensation très intime de l'imminence d'un instant de vie très particulier. Parce que souvent, ces artistes disent malgré eux ce que nous n'avons pas les moyens d'exprimer.
Me voici donc avec cette pochette de Stanley Turrentine, l'album m'avait été conseillé par un disquaire qui avait toujours le dernier conseil qui tue, avec un regard qui disait : "Rentre vite chez toi l'écouter, tu vas passer un grand moment ! " Une fois chez moi, cette foutue pochette m'obsède, elle renferme une part de plénitude et en même temps un questionnement, mais seul Stanley Turrentine aurait pu y répondre et il est malheureusement décédé en 2000. Le toucher, l'odeur qui s'échappe de la pochette une fois descellée, le délicieux craquement à l'amorce de la face du disque. Tout, oui Tout nourrit le fantasme. J'essaie de m'imaginer l'ambiance dans le studio. Y a-t-il de la fumée, de l'alcool, de la drogue, que sais je encore ?
Et puis il y a cette fabuleuse réponse à la question que je n'ose me poser quand arrive "I told Jesus" .
Suis je une bonne personne dans ce que je fais ? Être derrière mes platines me permet-il de donner à ceux qui m'écoutent le bonheur que je souhaite leur transmettre ? Est ce que je réponds vraiment à ces attentes ? Ai je tort ou raison ? J'en aurai peut-être une forme de réponse ce soir.
Voilà ce que me fait le Jazz. Longue vie à lui.
Musicalement
JP

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